Maréchal I. Bagramian
Quand la Grande Guerre Nationale éclata, Ivan Bagramian, Maréchal de l’Union
Soviétique et membre du haut commandement soviétique, était adjoint au chef d’état-major
du Front du Sud-Ouest. En 1942, il prit la tête de l’état-major du front et
de l’état major des troupes opérant sur la direction sud-ouest. Par la
suite, il commanda les troupes de plusieurs armées. Dès la fin de 1943, il fut
nommé commandant de 1-er Front batte. Dans l’après guerre, I. Bagramian fut
commandant des troupes de la Région militaire balte, inspecteur-chef du
Ministère de la Défense, Vice-Ministre de la Défense, chef de l’Académie
militaire de l’État-major général, chef du service de l’arrière des
Forces Armées de l’URSS. Il fut inspecteur général du Groupe d’inspecteurs
généraux du Ministère de la Défense de l’URSS.
Les questions relatives à la période initiale de la guerre comptent parmi les problèmes les plus importants de la théorie militaire. L'histoire prouve que l'état de préparation d'un pays à la guerre subit une épreuve des plus sévères justement à sa période initiale. À l'heure actuelle, on possède de nombreux documents militaro-historiques qui permettent d'étudier d'une manière approfondie ces problèmes et d'établir les lois générales de la période initiale aussi bien pour certaines guerres, que concrètement pour la dernière guerre mondiale. Il existe, certes, des prévisions d'avenir.
D'une manière générale, on peut dire qu'au moment de l'entrée de l'État soviétique dans la Seconde Guerre mondiale, les théoriciens soviétiques de l'art militaire avaient, en principe, une idée réaliste de l'ensemble des tâches qui se posaient aux troupes à la période initiale de la guerre. Il est important que sur la base des thèses théoriques, on ait fait, pour l'essentiel, des conclusions pratiques justes. Le déploiement des Forces Armées soviétiques fut réalisé sur une vaste échelle dès le début de la Seconde guerre mondiale. Si en 1939, les troupes terrestres comptaient 98 divisions, par contre au printemps 1941, elles en comprenaient déjà 303 (dont le quart environ se trouvaient au stade de formation ou de réorganisation). A cette époque, 170 divisions et 2 brigades cantonnaient sur le territoire des régions militaires situées près des frontières occidentales de l'URSS. Dès le printemps 1941, on procéda au redéploiement des grandes unités et au transfert de. nouvelles grandes unités dans les régions militaires susmentionnées. Les grandes unités de ces régions ajoutées aux forces de mer durent constituer le premier échelon stratégique chargé de repousser l'attaque de l'agresseur au début de la guerre...
Les falsificateurs bourgeois de l'histoire présentèrent sans se gêner l'agression de l'Allemagne fasciste contre l'Union soviétique comme une "improvisation" d'Hitler ou encore comme une décision secondaire de la direction nazie, qui serait due aux besoins de la guerre contre l'Angleterre. Ainsi ils s'efforcèrent d'expliquer la défaite écrasante subie par l'Allemagne dans la guerre contre l'Union soviétique. Quatre décennies plus tard, les cachettes trouvées des archives du Troisième Reich fournirent des preuves irréfutables attestant que l'agression contre l'URSS était le résultat de la ligne générale suivie pendant 20 ans par l'impérialisme allemand dans sa politique extérieure. Quels que fussent les zigzags des relations internationales dans les années 30, quelque aiguës que furent les contradictions inter-impérialistes, il reste incontestable que la mise sur pied d'une puissante armée fasciste à exigé, pendant deux décennies, non seulement des efforts colossaux de l'Allemagne, mais aussi, directement ou indirectement, les moyens des autres puissances impérialistes parmi les plus grandes.
L'État-major général allemand misa essentiellement sur la puissance écrasante de la première attaque surprise lancée par les masses concentrées d'avions, de chars et d'infanterie, sur la rapidité de leur avancement vers les centres vitaux de l'Union soviétique. Cette aventure avait à sa base la doctrine traditionnelle du militarisme allemand, formulée par Ludendorff, Sekt et d'autres. Toute la force de frappe du Reich fasciste et de ses alliés, toute l'expérience des guerres précédentes en Europe, tout l'art des militaires choisis et formés avec minutie, furent mis en oeuvre en vue de l'agression. Les militaristes allemands avaient une telle confiance dans leur force et leur puissance, dans l'infaillibilité de leurs plans de guerre-"éclair", qu'ils ne pensaient même pas aux problèmes d'une guerre d'usure. Ils ne s'attendaient nullement à la résistance de tout le peuple qui fit de la lutte des Soviétiques contre l'agresseur une Grande guerre, une Guerre nationale. Ils comptaient en finir avec l'Union soviétique dès 1941, pour avoir ensuite toutes les possibilités d'instaurer un "nouvel ordre" à l'Est.
Le 22 juin 1941, au petit matin, les Soviétiques subirent l'attaque non "improvisée", mais réfléchie et bien préparée de la machine de guerre la plus importante et la plus forte jamais créée par la société capitaliste. Cela fut l'une des causes principales des événements dramatiques survenus à la période initiale de la guerre.
Un autre aspect de la question est relatif à l'état de préparation de L’URSS et de ses Forces Armées pour parer à l'attaque de Pagres sœur.
L'Allemagne fasciste qui se préparait à l'attaque planifiée d'avance contre l'URSS, et l'Union soviétique en prévision d'une agression éventuelle, réalisèrent des mesures préparatifs très importantes dans j'avant-guerre. Cependant, si l'Allemagne, avant de débuter la guerre contre l'URSS, avait déjà mis sur le pied de guerre son économie et avait mobilisé toute la Wehrmacht, par contre l'Union soviétique ne put effectuer ces mesures que partiellement. De ce fait, la construction et l'équipement technique des Forces Armées soviétiques, ainsi que l'élévation de leur disponibilité opérationnelle présentèrent- de nombreuses difficultés. L'ennemi avait entre autres la supériorité en équipement technique des troupes.
Les forces et les moyens de l'ennemi étaient de 3 ou 4 fois supérieurs à ceux des troupes soviétiques sur les directions principales, ce qui se répercuta sur le caractère de la lutte et fut l'une des causes des reculs temporaires de l'Armée soviétique. Mais celle-ci tint ferme dans cette lutte inégale. Ayant mobilisés réserves intérieures, elle porta à un niveau supérieur la résistance à l'agresseur et empêcha ce dernier de remporter une victoire facile et rapide sur l'URSS. À la période initiale de la guerre qui englobe chronologiquement ses trois premières semaines, les deux parties engagèrent au total dans les combats quelque 400 divisions, des milliers de chars et d'avions, des dizaines de milliers de canons et de mortiers, ainsi qu'une grande quantité d'autres types de matériel de guerre et d'armement.
Les objectifs résolus, le caractère de classe, exempt de compromis, de la guerre prirent dès ses premiers jours une énorme envergure, accentuant l'acharnement des hostilités. La Wehrmacht qui s'empara de l'initiative stratégique, lança une offensive rapide, recourant largement aux coups fendants destinés à diviser le front stratégique; elle effectua des contournements et des enveloppements profonds d'importants groupements de troupes soviétiques, qui aboutirent parfois à leur encerclement. Au début de la guerre, le commandement soviétique tâcha de stopper la progression des groupements de choc de l'ennemi, de les rejeter en arrière et, si les conditions y étaient favorables, de transférer les hostilités sur le territoire de l'ennemi. En fait, les troupes soviétiques opposèrent aux agissements effrontés de l'armée allemande fasciste, une défense stratégique évolutive et active, pour saper les possibilités offensives de l'ennemi, pour épuiser et saigner ses groupements de choc.
Le résultat final de la période initiale de la guerre est notoire. Il ne fut pas fatal pour nous à la différence des événements survenus en Occident où, de 1939 à 1941, la défaite des armées capitalistes victimes d’attaques- de la Wehrmacht, avait abouti à la capitulation de certains pays européens. L'Armée soviétique tint ferme et continua la lutte en vue de la victoire sur un agresseur perfide et fort.
A la mi-juillet, la direction hitlérienne comprit que la Wehrmacht ne pouvait plus se guider sans réfléchir sur le plan "Barbarossa". Le 19 juillet, fut promulguée la directive no. 33 concernant la "poursuite de la guerre à l'Est", où il fut reconnu que les tâches stratégiques initialement envisagées dans le cadre du plan "Barbarossa", s'étaient avérées inconsistantes. Dans la directive suivante, la 34-e, en date du 30juillet 1941, pour la première fois depuis le début de la Seconde Guerre mondiale, Hitler fut obligé d'annuler son propre ordre de poursuite de l'offensive et dû spécifier de nouvelles tâches.
La nouvelle directive prescrivit au groupe d'armées "Centre" de passer à la défensive, ce qui revint à reconnaître le fait que la Wehrmacht n'avait su résoudre les tâches posées par le plan "Barbarossa" sur aucune des directions stratégiques. Les calculs d'écraser les forces principales de l'Armée soviétique à l'ouest de la ligne passant par la Dvina Occidentale et le Dniepr, et de terminer la guerre dans un bref délai, échouèrent. La direction hitlérienne fut obligée de réfléchir sérieusement, pour la première fois, à ce que la guerre devenait une guerre d'usure. Sous ce rapport, Hitler jugea nécessaire de s'emparer des plus importantes régions économiques de l'Union soviétique avant d'attaquer Moscou. La guerre entrait dans une étape qualitativement nouvelle, non prévue par les stratèges fascistes. Cela permis à la direction politique et militaire soviétique de gagner du temps pour réaliser des mesures en vue de renforcer davantage la défense profondément échelonnée sur la direction occidentale, la plus importante, et de préparer les réserves stratégiques qui jouèrent par la suite le rôle décisif dans la bataille de Smolensk, pendant la défense de Kiev et de Leningrad. Cela contribua à remporter la première grande victoire d'envergure stratégique devant Moscou, ayant marqué le début du tournant radical dans le cours de la guerre.
Ainsi, on peut dire que la période initiale de la Grande Guerre nationale a prouvé que l'Allemagne fasciste n'avait pas pu écraser les Forces armées soviétiques, bien qu'elle mît tout au service de la guerre-éclair aussi bien dans son pays, que dans d'autres pays d'Europe occidentale. La grandeur de l'exploit réalisé parles soldats soviétiques à cette période consiste dans le fait qu'ils ont supporté le premier coup puissant et qu'ils ont préparé le tournant dans le cours de la guerre.
Aujourd'hui quand on apprécie l'expérience acquise il y a 63 ans, a qu’on transmet à la jeune génération, on conclut inévitablement qu'il faut mettre tout en oeuvre pour que des événements semblables à ceux survenus en juin 1941, ne se reproduisent jamais et en aucun cas.
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Le 24 juin 1945, Moscou. Parade de la Victoire sur la Place Rouge. Les étendars et les drapeaux des armées hitlériennes sont déposés au pied du Mausoleum de Lénine. |
Éditions Démocrite, 52 bd Roger Salengro, 93190 Livry-Gargan, France
Les dossiers du BIP 8 no. 92 page: 14, avril/mai 2003
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