La Question Kurde et l'Agression Impérialiste

Dans un article paru dans la Pravda le 14 ma 1924, Staline souligne "la nécessité pour le prolétariat de prêter un soutien résolu et actif au mouvement de libération nationale des peuples opprimés et dépendants" * il apporte toutefois la précision suivante: "Cela ne signifie pas évidemment que le prolétariat doive soutenir tout(souligné par J.S.) mouvement national, toujours et partout dans chaque cas particulier et concret. Il s'agit d'appuyer ceux des mouvements nationaux qui tendent à affaiblir l'impérialisme, et non à le maintenir et à le consolider "

Pour Staline, qui fut commissaire du peuple aux nationalités après la révolution de 1917, comme pour Marx et Lénine, auquel il se réfère, «'La question nationale n'a rien d'absolu, de fixé une fois pour toute" (cf. "La révolution de février, la révolution d'octobre et la question nationale", article paru dans la Pravda, les 6 et 9 octobre 1918) Un autre texte écrit en 1904, intitulé "Comment la social-démocratie (le terme signifiait encore à cette époque le marxisme révolutionnaire) entend-elle la question nationale?" soulignait également en préambule que "la question nationale sert des intérêts divers, prend des nuances diverses suivant le moment où elle se pose et suivant la classe qui la pose".

Ces critères marxistes-léninistes nous sont précieux pour réfléchir aujourd'hui à une question aussi complexe que la question kurde, telle qu'elle s'est posée en Irak au moment de l'agression impérialiste. La question kurde en général est un héritage de la période coloniale qui mériterait tout un développement. Elle n'a été résolue dans aucun des pays où vit une communauté kurde. Pour ce qui est de la question kurde en Irak, où les Kurdes constituent une minorité nationale, certes numériquement importante, la bourgeoisie irakienne n'a pas pu la résoudre correctement dans le cadre de l'État irakien car, comme le soulignait déjà Staline, "plus un pays est démocratique, plus faible est l'oppression nationale et inversement" (Rapport sur la question nationale présenté le 12 mai 1917 à la Vil, conférence du Parti Ouvrier Social-Démocrate de Russie - nom du parti bolchevik à cette époque). Ainsi, la politique suivie par le régime de Saddam Hussein, la confiscation du pouvoir au profit de son clan, la répression au Kurdistan - que nous avons condamnée à l'époque - ont-elles poussé le peuple kurde à se ranger derrière des dirigeants qui ont joué aux supplétifs de la coalition impérialiste au moment de l'agression impérialiste. Au lieu de mettre en évidence l'intérêt commun à tous les travailleurs et à tous les peuples d'Irak, elles ont divisé et permis à la bourgeoisie kurde d'entraîner le peuple kurde derrière la bannière de l'impérialisme, au mépris de toutes les leçons de sa tragique histoire, A l'époque de l'impérialisme, la question nationale ne peut plus être considérée simplement comme celle des minorités nationales, telle qu'elle se posait dans "le passé" disait Lénine, c'est-à-dire au XIX, siècle en Europe, lors de la constitution ou de la consolidation des États bourgeois modernes. Elle est devenue "la question nationale et coloniale", liée au partage du monde par les puissances impérialistes, au contrôle des colonies, néo-colonies et zones d'influence...

Parce que la guerre en Irak est une guerre pour le pétrole et le contrôle économique et politique du pays, parce qu'elle est une guerre impérialiste, elle ne peut apporter ni la démocratie en général, ni la solution de la question nationale en particulier. L'une et l'autre ne peuvent être gagnées que par la solidarité internationale des peuples dans le combat contre l'impérialisme. Dans le contexte de l'agression impérialiste, la position portée par les forces nationalistes kurdes a servi des objectifs qui sont ceux de l'impérialisme US. C'est une position fausse et dangereuse, car pour tous les travailleurs et les peuples de la région, aucune émancipation n'est envisageable sous la houlette de l'impérialisme.

Quelques références bibliographiques:

Staline, 'ouvres. Tomes 1, 4 et 5, NBE

P. Vilar, Présentation et choix de textes de"Sur la question nationale" in Introduction à l'¦ouvre théorique de Staline, tome 1, Éditions Norman Béthune.

Lénine, "La révolution socialiste et le droit des nations à disposer d'elles-mêmes" janvier-février 1916, O.C., t. 22), "Première ébauche de thèses sur la question nationale et coloniale (pour l’il Congrès de l'Internationale communiste" juin 1920, O.C., t. 31), "Rapport de la commission nationale et coloniale" (Il Congrès de M.C., juillet 1920, O.C., t 31).

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