Un Continent sur la Voie du Succès

Plus de 70% des sud-américains doivent en Ureravec moins de S euros Darjour. Presque 40% vivent dans l'extrême pauvreté, avec moins de 2 ores par jour. La crise économique a fortement accentué les contradictions entre la population et les riches élites sud-américaines. La population s'oppose également de plus en plus à la domination économique tpo1ffiqtdes États-Unis. De factuelle résistance, on peut dégager quatre endances.

En quelques années et dans plusieurs pays, le peuple a élu des présidents progressistes: Hugo Chavez au Venezuela, Luis lgnacio da Silla Lula au Brésil, Nicanor Duarte au Paraguay, Nestor Kirchen en Argentine, Lucio Gutierrez en Equateur.

Dans tous les pays du continent, la lutte sociale se développe: grèves, occupations de terres, manifestations... Ces actions ne sont pas dirigées seulement contre l'élite riche mais elles disent explicitement qu'il est temps d'en finir avec l'exploitation coloniale des Américains.

• Au Pérou et en Colombie, la guérilla marxiste aimée gagne du terrain.

• Le prestige du socialisme cubain n'a jamais été aussi grand qu'aujourd'hui. Les présidents et chefs de gouvernements sud-américains font la file pour pouvoir accueillir le président cubain Fidel Castro bras ouverts. Partout, Fidel réveille des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes.

Ces quatre tendances se consolident mutuellement. Comme le disait Adel: «Ce sont les Sud-Américains eux-mêmes qui font renaître de leurs cendres les nations de ce continent Les nations et les peuples de l'Amérique du Sud s'unissent dans leur quête d'une destination plus élevée et plus digne.»

Peter Franssen et Pol de Vos

Bolivie

Un mouvement de masse bloque la capitale

Lors du week-end des I et 14septembre, des dizaines de milliers de manifestants ont bloqué la capitale La Paz en occupant toutes ses voies d'accès. Ils exigeaient la suppression d'un nouvel impôt et la suspension d'un accord tout récemment conclu avec les États-Unis, accord prévoyant que, moyennant un prix d'ami, la Bolivie livrerait du gaz aux États-Unis. Les manifestants reprochent au président Gonzalo Sanchez de Lozada de vendre e pays à bas prix aux Américains. «Il cède notre gaz aux yankees et nous levons payer encore plus cher l'électricité, le gaz et l'eau!», hurlaient les manifestants, furieux. L'encerclement de la capitale constitue l'un des ombreux points culminants de la lutte sociale qui dure depuis des mois.

Chili

Grève nationale

Le gouvernement chilien suit exactement la voie que lui a tracée le Fonds monétaire international: privatisations, démantèlement des institutions et équipements sociaux, blocage et même recul des salaires. Le 13août dernier, c'est contre cette politique que tout le pays a arrêté le travail. Cela faisait vingt ans que le Chili n'avait plus connu de grève générale.

Pérou

Guérilla et mouvement populaire prennent rapidement de I’ampleur

Depuis quasiment dix années de régression incessante, la guérilla, sous la direction du Parti communiste du Pérou, reprend du poil de la bête. Les rapports du gouvernement et de l'armée parlent d'une «rapide montée de la guérilla dans les zones rurales» et d'une «extension de son influence dans les universités». En même temps, on assiste à de nombreuses actions sociales contre la privatisation des services publics et contre les bas salaires dans les campagnes. En mai et juin de cette année, les syndicats organisaient une grève générale contre les privatisations et contre «la soumission du président Toledo à la politique US».

Argentine

Finie la dépendance vis-à-vis des États-Unis

Dans les années 90, l'Argentine était encensée dans tout le tiers monde comme l'élève modèle du Fonds monétaire international. En 2001, l'économie set tondrait complètement. La pauvreté augmentait en flèche. Les gens organisaient de grandes manifestations, parfois violentes. En quelques mois, cinq présidents devaient démissionner. En mai, c'était au tour de Nestor Kirchen de reprendre le flambeau. Son adversaire, le conservateur Carlos Menem, jetait l'éponge quelques semaines avant l'échéance électorale. Les sondages d'opinion indiquaient que Kirchen allait ratisser 60% des voix. L'homme veut mettre un terme à la baisse des salaires et des indemnités sociales, et enrayer les privatisations. Il entend également suivre un cours indépendant: «Nous devons rompre avec notre dépendance vis-à-vis des USA. Pouryauive, les pays sud-américains doivent se serrer les coudes.» Dans une première phase, 'Argentine veut sceller des accords avec le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay.

Venezuela

Chavez tient bon

En 1998, le candidat progressiste et anti-impérialiste Hugo Chavez était élu à la présidence. Depuis, il a bloqué la privatisation de la compagnie pétrolière publique aide la sécurité sociale. lia imposé des limites à la propriété terrienne et a stimulé les coopératives agricoles, lia conclu des accords commerciaux avec Cuba et a refusé de laisser utiliser son pays comme base offensive de l'armée colombienne contre la guérilla et comme nid d'espions des États-Unis.

En mars 2002, la CIA fomentait un coup d'Etat contre Chavez. Un coup dans l'eau. Le peuple avait organisé d'incessantes manifestations de masse et d'importants groupes d'officiers vénézuéliens ne voulaient pas trahir leur pays.

Depuis lors, les États-Unis finissent encore plus le Venezuela et Chavez.

Le 5septembre, une milice colombienne d'extrême droite franchissait latronliére du pays. L'armée vénézuélienne éliminait trois de ses membres.

Le 12 septembre, une escadrille de 15 hélices de combat Black Hawk venus de Colombie viole l'espace aérien vénézuélien au-dessus de Los Bancos. Vingt minutes plus tard, des appareils des forces aériennes vénézuéliennes les interceptent et les mettent en fuite.

Ces hélicoptères de combat viennent des États-Unis. Ils font partie du soutien militaire américain au Plan Colombia qui coûte aux alentours de 60 milliards de dollars. Après l'incident des hélices, le vice-président vénézuélien Jose Vincente flangel a déclaré que Washington préparait un nouveau coup d'Etat contre Chavez et son gouvernement mais que Chavez, l'armée et le peuple étaient plus forts aujourd'hui qu'en avril de l'an dernier.

Brésil

Le président entre le peuple et les États-Unis

En 2002, le syndicaliste et sidérurgiste Luis Garcia da Silva (Lula) est devenu président du Brésil avec 60% des suffrages. Lula défendait un programme d'indépendance nationale et de réformes économiques au profit des travailleurs, des paysans et des sans-terres.

Au moment de l'accession de Lula au pouvoir, le Brésil a une dette extérieure de 120 milliards de dollars. La dette de l'État est le principal mécanisme permettant de transférer les richesses nationales vers les États-Unis. Ce qui a fait dire à Lots, condensa campagne électorale: «S'il veut honorer les obligations pela dette, le président sera forcé d'intervenir contre son peuple, Mais, dés sa prestation de serment, les États-Unis l'ont soumis à de fortes pressions. Lors des élections, il avait été forcé de faire alliance avec le parti libéral qui, aujourd'hui, occupe la vice-présidence. Les pressions viennent également et surtout du Fonds monétaire international qui, en échange d'une réévaluation de la dette, force le gouvernement à de douloureuses économies dans le secteur social. Lula semble céder mais, dans l'intervalle, le climat s'envenime: travailleurs et paysans veulent empocher Lola de capituler et réagissent par des grèves et des manifestations.

Colombie

Guérilla contre terreur

Le 10 septembre, une milice d'extrême droite kidnappait David Carranza. 15 ans, fils d'un syndicaliste du secteur alimentaire qui dirige la lutte sociale contre Coca-Cola dans le pays. Des heures durant, David a été torturé. Les gens de la milice voulaient savoir où se trouvait le père de l'adolescent, qui n'en savait rien.

Le 15 septembre, une milice d'extrême droite kidnappait trois syndicalistes, cette fois. Les trois hommes ont été retrouvés morts. Ils étaient membres du syndicat paysan Sintagricolas. Quelques semaines plus tôt, le président du syndicat, Victor Jimenez Fruto, et son prédécesseur, Seul Colpas, avaient également été assassinés.

Les États-Unis ont financé l'extension des effectifs de l'armée colombienne à 135.000 hommes, Toujours avec l'aide de Washington, la police a été renforcée elle aussi, passant à 110.000 hommes, Pour ce taire, le gouvernement américain reçoit l'aide de la Grande-Bretagne: l'armée de Sa Majesté envoie en secret du matériel militaire et des officiers qui doivent former leurs collègues colombiens. Liam Craig-Best, président de l'organisation britannique Justice for Columbia, déclare: «Le gouvernement britannique fait tout cela dans le plus grand secret parce que l'armée colombienne, du fait de ses liens étroits avec les milices d'extrême droite, est responsable de l'assassinat de centaines de membres des syndicats et des ONG. Si Bush et Blair veulent réellement s'en prendre au terrorisme, ils doivent cesser de soutenir le gouvernement colombien.»

Le gouvernement du président Alvaro Uribe Velez, les milices d'extrême droite et les États-Unis ne cessent de perdre du terrain face aux deux principales organisations de guérilla du pays: les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie, créées en 1964) et l'ELN (Armée de Libération National, fondée par le prêtre Camille Torres) qui, à l'heure qu'il est, ont libéré plus de 50% du territoire. Le 25 août, elles scellaient une alliance militaire qui doit encore accroît e leur force de frappe.

Équateur

Le peuple envoie deux présidents sur les roses

En 2000, la monnaie équatorienne est remplacée par le dollar. On ne pourrait mieux illustrer l'emprise des Américains sur ce petit pays. Au cours des deux années suivantes, le chômage augmente jusqu'au-delà de 50%. La réponse du peuple ne se fait pas attendre: en 2002, deux présidents doivent démissionner. Le peuple élit comme président l'ancien colonel Gutierrez, qui présente un programme social, anti-impérialiste et qui, de ce fait, reçoit le soutien des syndicalistes, des paysans, des Indiens et des communistes. Mais les Américains ne laissent pas faire, lis envoient en Équateur le Fonds monétaire international. Gutierrez cède quelque peu au chantage et abandonne certaines parties de son programme. Les Américains veulent qu'il réduise droits sociaux, salaires et indemnités et qu'il applique une réforme fiscale avantageuse pour les riches, Immédiatement, Gutierrez est confronté à une importante agitation sociale. Les enseignants arrêtent le travail, rapidement suivis par le secteur non marchand et les services publics. Désormais, l'agitation sociale est portée par les travailleurs, les paysans et les Indiens.

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