En Lettonie au cours de la destruction totale et de la privatisation de 1991-1993 menées jusqu'à leur logique se sont formées pour de bon des classes antagonistes (bourgeoisie et prolétariat) avec leur conscience de classe. Ce processus, infiltré pratiquement dans tous les pays de l'ancien camp socialiste, a eu en Lettonie sa spécificité.
Le processus d'appropriation des moyens de production fut la conséquence de l'appropriation du pouvoir politique par un groupe national letton des plus hautes couches de l'intelligentsia, de la direction des grandes entreprises industrielles et d'une partie des dirigeants du KPSS de Lettonie. De cette façon, déjà tout au début de son développement, la grande bourgeoisie lettone de préférence, était ouvertement liée au pouvoir politique. pour assurer son monopole pour le rétrécissement de la partie politique russe active de la classe ouvrière et d'une moyenne et petite bourgeoisie naissante, aussi au fond de langue russe, le nouveau pouvoir supprima les droits de citoyenneté et par conséquent le droit de vote aux élections pour 25% de la population. Le traitement total par l'intermédiaire des moyens d'information de masse de la partie lettonne du prolétariat et mettant en facteur commun le parlementarisme de sa partie russe permet à la grande bourgeoisie d'avoir le droit du lobby exclusif de ses intérêts à travers le parlement.
Néanmoins, dans la mesure du développement de la petite et moyenne bourgeoisie s'est développée son aspiration à la participation (ensemble avec la grande bourgeoisie) au pouvoir politique. Mais, comme il est apparu, les intérêts de ces groupes sont opposés: encore tout au début de la restauration du capitalisme la grande bourgeoisie privatisa les branches les plus lucratives de l'économie, liées aux opérations d'exportation (de préférence avec le marché occidental). La petite même et la moyenne bourgeoisie dès le tout début occupa le terrain le moins lucratif à ce même moment, en partie le marché intérieur avec la Russie et les pays de la CEI. Au fur et à mesure de la stabilisation de la production après 1993 et de sa croissance, a lieu le développement du processus de l'extension des capitaux dans les mains de la petite et moyenne bourgeoisie, qui entre en désaccord politique avec l'hégémonie du pouvoir politique de la grande bourgeoisie.
Formellement les citoyens de langue russe ou leurs représentants peuvent être élus au parlement et influer sur l'admission de telles ou telles décisions blessant leurs intérêts. Mais dans les faits, cet électorat, sur lequel elle pourrait s'appuyer, manque à la petite et moyenne bourgeoisie: la partie lettonne des directeurs d'entreprises se trouve sous la puissante influence idéologique de la grande bourgeoisie, lettonne de préférence, tandis que la partie russe s'éloigne de sa participation à la vie politique.
En fonction de la croissance de l'influence de la petite et moyenne bourgeoisie, la grande bourgeoisie doit se déplacer à droite. Puisqu'elle peut refuser insuffisamment les leviers essentiels de sa défense des monopoles sur le pouvoir politique, elle devra probablement aspirer à une franche dictature fasciste ou bien à quelque chose de similaire. La partie la plus importante de cette politique est l'entrée de la Lettonie dans l'Union européenne, qui, d'un côté, aboutit à l'amplification des bénéfices de la grande bourgeoisie (liquidation des droits douaniers sur les matières premières exportées et sur la revente des marchandises européennes, etc.), mais de l'autre, à une attaque sérieuse de la petite et moyenne bourgeoisie (limitation des marchandises de consommation intérieure, quota de l'U.E., en premier, et la non-compétitivité de la majorité des marchandises lettonnes dans l'U.E. en second).
En même temps a lieu en Lettonie l'union du prolétariat, dans les conditions de l'exploitation redoublée, dont l'artificiel de sa division par critère national et du droit devient de plus en plus évident pour les ouvriers eux-mêmes.
La situation révolutionnaire est rapidement mûre: la partie russe du prolétariat était révolutionnaire dès le tout début, son but le plus immédiat recouvrement de l'égalité des droits, même la partie lettonne commence déjà à comprendre que le régime existant n'est clairement pas intéressé par l'amélioration de sa situation matérielle. Le développement suivant crée des obstacles: la partie lettonne du prolétariat a parfaitement pleine conscience de la portée secondaire des droits politiques (la possession ne leur garantit pas la possession d'un minimum matériel nécessaire) devant les exigences socio-économiques. Mais pour son activation il n'y a pas de prétexte visible immédiat, pas de choc: la partie russe, au contraire, a un prétexte immédiat, un choc pour son activation – c'est la lutte pour les droits politiques, mais la vie après leur obtention, pour le moment, ne se visualise pas nettement.
Le problème se trouve également en ce que la partie révolutionnaire du prolétariat est fortement démoralisée par de nombreux facteurs, tels que la puissante pression du SMÏ, la pression d'après le contenu des programmes d'enseignement général, la perfide activité du gouvernement de Russie, ce qui est particulièrement douloureux pour les ouvriers russes, etc. Il existe une incrédulité en ses forces, les gens ne s'imaginent pas que l'on puisse gagner, casser toute cette machine sous le nom de système politique avec sa police, son armée, par les fonctionnaires. Un exemple est nécessaire, qui sera un catalyseur original de tout le mouvement révolutionnaire. Il faut seulement apporter un flambeau allumé à un tonneau de poudre, et après le réveil des masses suit.
Il est extrêmement important de s'apercevoir que la prochaine révolution lettonne devra acquérir un caractère international. La classe ouvrière, de préférence de langue russe, ne pourra pas se tenir dans le droit et mettre au point l'exécution sans le soutien du côté paysan et au contraire la paysannerie lettonne pour survivre, ne pourra pas s'en tirer sans le soutien des ouvriers de langue russe, puisqu'ils sont les seuls dans cette situation à être intéressés au développement de l'industrie lettonne.
Quant à la bourgeoisie elle est en deux parties, et avec cela, clairement inverses. Le prolétariat peut, et en cela par la particularité de la situation actuelle, écraser la bourgeoisie par morceaux, ce qui facilite de façon colossale la victoire de la révolution.
Comme première étape, il est possible sur la vague de slogans, sur l'égalité de droits et ainsi de suite des libertés d'arriver au pouvoir et transformer leur vie. À cette étape, la petite et la moyenne bourgeoisie seront unies, mais seulement jusqu'à la réalisation des revendications politiques. Ici la tâche de l'avant-garde révolutionnaire est, pour la période dès le début de la lutte, jusqu'à l'incarnation des droits et des libertés bourgeoises, de savoir conquérir les sympathies de la majorité des ouvriers, des paysans et de l'intelligentsia prolétarienne. Dès que l'égalité en droit sera devenue un fait, la moyenne et petite bourgeoisie se transformera en freins des débuts révolutionnaires.
Mais les conditions dans la nouvelle spirale de la lutte seront déjà absolument autres, puisque le prolétariat et la paysannerie qui s'affranchissent de l'illusion de la panacée des droits d'égalité, seront organisés et comme base matérielle ils auront la propriété expropriée de la grande bourgeoisie. Pour leur résister il n'y aura déjà plus qu'une partie de la bourgeoisie.
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!
Golos Komounista, 24 mars 2003
Traduction de Somone Pirez
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