Quelques critiques sur la série télévisée
« Apocalypse: la seconde guerre mondiale.»

On assiste en occident à une véritable explosion d’hystérie antisoviétique. C’est dans le cadre de cette hystérie que se place Apocalypse qui n’est rien d’autre qu’une analyse falsifiée des événements de l’époque. La même musique idéologique accompagne le vingtième anniversaire de la chute du Mur.

La déformation des faits constitue l’une des principales options des falsifications anticommunistes de l’histoire moderne. Les auteurs d’Apocalypse ne font que continuer à exploiter l’historiographie à des fins exclusivement propagandistes en procédant a une révision historique de la Seconde Guerre mondiale.

Cette série documentaire, en six épisodes de 52 minutes s’était donner pour ambition de raconter la véritable histoire de la seconde Guerre mondiale. C’est avec fracas que l’on en a fait la publicité.

Par exemple, pour le Devoir et France-Soir fr « Isabelle Clarke réalise un film sans précédent». Voici comment le devoir nous résume « La fiche Staline » telle qu’exposée par Apocalypse: « L’offensive allemande du 22 juin 1941 prend Staline au dépourvu et provoque l’une des plus grande déroute de l’histoire : les aéroports soviétiques balayées ,6000 avions détruits et l’ennemi aux portes de Leningrad, Moscou et Kiev. Staline interdit toute retraite et ordonne des offensives désespérées, ce qui entraîne la capture de deux millions de ses soldats. Mais ce tyran déguisé en militaire apprend vite : les mauvais généraux sont éliminés et les meilleurs promus, les usines d’armement sont transférées vers l’est et le dictateur obtient de ses nouveaux Alliés anglo-américains une aide matérielle colossale pour combler les déficiences de ses armées. C’est tout cela, joint aux erreurs stratégiques d’Hitler, qui permet à l’Armée Rouge de remporter une victoire décisive à Stalingrad en janvier 1943 et d’entamer ensuite une irrésistible poussée vers l’Ouest. Or, Staline sait à merveille exploiter diplomatiquement ses victoires militaires : de Téhéran jusqu’à Potsdam en passant par Yalta.il obtient de ses alliés bien des concessions.»

À l’été 1945, malgré (souligné par l’éditeur) ses 20 millions de morts, l’URSS est la première puissance militaire en Europe, et la Maréchal Staline en est le maître incontesté». Voici résumé, selon Apocalypse et l’historiographie bourgeoise, les causes de la victoire sur l’Allemagne nazie et le fascisme.

Peut-on trouver dans un seul paragraphe tant d’absurdités.

Il est impossible, dans le cadre de cet article de répondre à toutes ces incohérences. Je n’en résumerai que quelques-unes.

C’est vrai que le premier jour de la guerre fut une tragédie : la soudaineté de l'invasion des hordes fascistes à l'aube du dimanche, 22 juin 1941, à 3 heures du matin, sans déclaration de guerre, 5,5 millions de soldats allemands, italiens, hongrois, roumains et finlandais entament le plat de consistance du programme nazi: la destruction de l'Union soviétique. Sur une ligne de front de plus de 3.000 kilomètres, 2,9 millions de soldats soviétiques défendent leur patrie. Le rapport des forces est à l’avantage de l’armée allemande, ce qui ne pouvait pas permettre aux troupes soviétiques d’engager « des offensives désespérées » (Apocalypse),mais des combats défensifs acharnés, épuisant l'ennemi.

Cette attaque brutale n’a pas causé la perte de « 6000 avions » mais de «environ 1 150 appareils qui furent détruits avant d'avoir pu décoller.» [la_Seconde_Guerre_Mondiale_et_Staline.htm, http://www.communisme bolchevisme.net/], ni « la capture de deux millions de prisonniers,».

Écoutons Staline dans une communication importante dans la soirée de 6 novembre, « En quatre mois de guerre nous avons perdu 350000 hommes tués, 378.000 disparus, nous comptons 1.020.000 blessés.» Ayant dit cela qui était terrible, Staline ajouta, alors, de sa même voix calme et grave un peu lourde: Dans le même temps, l’ennemi a perdu plus de quatre millions d’hommes tués, blessés et prisonniers. Après quatre mois de guerre, l’Allemagne se trouve beaucoup plus affaiblie que l’Union Soviétique, dont les réserves ne font que se déployer maintenant dans toute leur ampleur. En attaquant notre pays, l’ennemi comptait en finir avec l’Union Soviétique, en un mois et demi ou deux mois, et pousser en ce court espace de temps jusqu’à l’Oural. À présent, ce plan insensé doit être considéré comme définitivement avorté.»

Conférence sur Staline, faite par Jean-Richard Block en 1946, pour l’Association France-URSS, publiée dans la revue EUROPE en décembre 1949.

Au début, les combattants soviétiques doivent se replier mais, devant Moscou et Leningrad, les assaillants sont bloqués et même repoussés.

Pour Apocalypse:

c’est le Pacte Germano-Soviétique qui ouvrit la voie à la Seconde Guerre mondiale. Pour nous c’est bien Munich et les leçons de Munich doivent nous rappeler à quel point l’antisoviétisme est dangereux. Nous vous présentons dans les pages suivantes l’article « De Munich au Pacte Germano-Soviétique ».

«le caractère imprévisible de l'hiver russe» est la cause de la victoire de l’Armée rouge à Moscou, comme si en Russie, l'hiver venait à un autre moment qu'ailleurs.

l’Armée Rouge remporta une victoire décisive à Stalingrad en janvier 1943, parce que « le dictateur obtient de ses nouveaux Alliés anglo-américains une aide matérielle colossale pour combler les déficiences de ses armées.»

« La vérité est que « la part des moyens de guerre fournie par les alliés pendant le conflit ne constituait que 4% environ des moyens fournis par l'industrie nationale. Ce fait ne diminue en rien l'importance et le rôle des fournitures des alliés occidentaux, effectuées conformément aux arrangements conclus. L'Union Soviétique et son armée étaient reconnaissantes pour cette aide. C’est la victoire économique du socialisme sur le fascisme qui a permis la victoire militaire. La victoire se forgeait dans les usines et les entreprises de la défense, sur les champs des sovkhozes et des kolkhozes. On peut l'affirmer sans crainte d'exagérer que les Soviétiques ont brisé l'échine à la bête fasciste à l'aide de leurs propres armes.» (Extraits de : La contribution soviétique à la victoire contre le nazisme du site http://www.communisme-bolchevisme.

Pour Apocalypse :

« L'alliance de deux totalitarismes - nazi et communiste est à l'origine du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. En signant le pacte germano-soviétique, Staline donne à Adolf Hitler les garanties dont il a besoin pour lancer ses troupes sur la Pologne, puis mettre le monde à feu et à sang.»

L’ouverture du Second front et le débarquement en Normandie furent les causes de la victoire des alliés.             Pour nous« Ce second front en Europe Occidentale, que les alliés avaient promis solennellement d'ouvrir en 1942, n'était toujours pas créé en 1943. Les alliés laissaient volontairement laissé durer les combats dans l'espoir d'être débarrassés de l'URSS par l'Axe.

« Les succès des troupes soviétiques durant l'été 1944 avaient montré que l'URSS pouvait par ses propres moyens non seulement chasser l'ennemi de son territoire, mais libérer les peuples asservis et achever l'écrasement des armées hitlériennes. Cela décida les milieux dirigeants des USA et de la Grande Bretagne à renoncer à leur politique d'atermoiement concernant les délais d'ouverture d'un second front en Europe occidentale. Le 6 juin 1944, les troupes anglo-américaines débarquaient en Normandie. Mais, cela ne modifia pas, de façon notoire, le groupement des forces armées de l'Allemagne hitlérienne. Le front germano-soviétique demeurait décisif, paralysant les principales forces fascistes allemandes. Les troupes soviétiques poursuivaient l'offensive.» « Des millions de citoyens des pays alliés auraient pu échapper à la mort si avait dominé dans les milieux dirigeants des USA et de la grande Bretagne le désir sincère d’en finir avec l’ennemi commun, au lieu de considérations intéressées. Le sénateur Harry Truman qui accéda à la présidence des USA à la mort de Roosevelt exprimait cette situation en ces termes en 1941 :

« Si nous voyons que l’Allemagne gagne, nous devons aider la Russie, mais si la Russie gagne, nous devons aider l’Allemagne et qu’elles s’entre-tuent ainsi le plus possible. »

N’est-ce pas pour cette raison que le second front en Europe de l’Ouest ne fût ouvert par les alliés occidentaux que 11 mois avant la fin du conflit en Europe, tandis que l’URSS combattit pratiquement seule à seule durant 36 mois l’Allemagne fasciste et ses alliés ?

Clarke et Costelle Plusieurs faits historiques importants ne furent pas mentionnés par les auteurs d’Apocalypse :

-La résistance populaire massive qui contraignit les hitlériens à maintenir des forces importantes pour la défense des communications et points d'appui de l'arrière. En fin 1943, il s'agissait de 50 divisions. Notons à titre de comparaison qu'à la même période, seulement 21 divisions allemandes tenaient tête aux forces anglo-américaines en Italie du Nord. Les bourreaux fascistes faisaient la chasse aux patriotes, sans hésiter devant aucune violence. Ils massacrèrent plus de 8 millions de civils et déportèrent en Allemagne 4 millions de personnes.

La ligne du front ne dissociait pas le peuple en lutte. Au-delà de cette ligne, sur les territoires libérés par les partisans, on créait des "républiques dubois" où l'on vivait selon les lois soviétiques.

La défaite que les Allemands avaient infligée à l'armée états-unienne au cours de la bataille des Ardennes ; et le fait que c'est Staline qui les a sauvés en lançant avant terme, sur leur demande, une offensive à l'Est, en contraignant ainsi les nazis à retirer de l'Ouest un tiers de leurs forces engagées dans cette opération.

Pour Apocalypse, les bombardements de Hiroshima et de Nagasaki mirent fin à la guerre du Japon. Les faits historiques prouvent le contraire.

« Au début de 1945, le Japon demeurait un adversaire dangereux qui disposait encore de forces considérables : 7 millions d'hommes, plus de 10 000 avions et 500 navires de guerre.

En conséquence, les Alliés estimaient que les forces des États-Unis et de l'Angleterre étaient insuffisantes pour obtenir une prompte victoire et ils avaient insisté à Téhéran et à Yalta pour obtenir l'entrée en guerre de l'URSS contre le Japon. Le 11 février 1945 un accord était conclu entre les trois puissances, limitant à trois mois après la fin du conflit en Europe, le délai laissé à l'Union Soviétique pour déclencher les hostilités.

A la date fixée l'offensive fut déclenchée. A ce moment, le 6 août les Américains lancèrent sur Hiroshima la première bombe atomique, et le 9 août une seconde sur Nagasaki. Les deux villes furent anéanties. Il y eut 447 000 morts et brûlés grièvement. Mais le Japon ne capitula pas. La guerre se poursuivit, les armées soviétiques soutinrent de durs combats et infligèrent aux armées japonaises de cuisantes défaites. En 23 jours, elles battirent l'armée du Kouang-Toung, libérant ainsi la Chine du Nord-est, la Corée du Nord, la Sakhaline du Sud et les Kouriles. L’acte de capitulation du Japon fut signé le 2 septembre 1945 » [Maurice Hartmann, Staline 1973]

Cette série télévisée a été loin de faire l’unanimité et sur le fond et sur la forme. Il y a eu des critiques sérieuses quoique incomplètes et parsemées d’erreurs.

Par exemple, l’historien Lionel Richard , dans les colonnes du Monde Diplomatique du mois de novembre 2009 décrie en ce sens cette série : « elle donne à voir mais pas à réfléchir » Apocalypse semble donc avoir toutes les caractéristiques d’un spectacle pour la télévision dans le seul objectif d’en mettre plein la vue aux spectateurs et donc d’assurer des revenus qu’aux chaînes qui la diffusent. Toute autre réflexion historique ou même critique semble évacuée. Il estime qu’il existe dans cette série « trop d’entorses aux faits, d’insinuations non justifiées, d’omissions pour qu’on puisse admirer sans réserve la somme d’informations qu’elle véhicule. Il s’étonne des approximations et parfois des raccourcis simplificateurs employés.» Il ajoute ; « Cette absence de respect intellectuelle envers les téléspectateurs se traduit également parles multiples approximations, contradictions erreurs portant tant sur les événements que sur leur chronologie».

C’est à peu près dans les mêmes termes que l’universitaire Vincent Artuso critique le documentaire.Pour lui « Clarke et Costelle racontent l'histoire de la Seconde Guerre mondiale de manière partielle car partiale. Pour Clarke et Costelle Les communistes ne sont, par ailleurs, pas seulement responsables de l'arrivée au pouvoir d'Hitler, mais également du déclenchement de la guerre.»

Pour Clash Doherty «Apocalypse ne tient pas ses promesses. Pour des gens qui connaissent l'histoire et qui ont déjà vu beaucoup de documents cinématographiques les deux premiers épisodes n'apportent rien. Pour les jeunes, il risque de les tromper. Le commentaire n'est en effet qu'une suite de lieux communs et d'explications sommaires insuffisantes et parfois mensongères. Le Front (russe) Oriental de WW2 a été sur la touche dans ce documentaire, et a été ainsi réduit à juste "un aspect" de la Guerre s'il est même mentionné du tout. Certainement il n'y a jamais de reconnaissance donnée au fait que c'était l'arène principale, décisive de WW2, la scène d'une lutte titanesque que, aux dépens de 30 millions de vies soviétiques, a sauvé le monde du fascisme.

Je considère que tout événement international, surtout important, doit être analysé du point de vue de sa place dans l'Histoire.

« La direction du temps c’est l’histoire qui la donne. Et le sens de l’histoire, c’est ceux qui collaborent avec l’histoire ceux qui font l’histoire, ceux qui sourient à l’histoire, oui le sens de l’histoire, ce sont les communites qui l’enseignent. [Jean Marcenac, dans Europe no 47].

Les événements ne doivent pas être détachés de leur contexte, arrachés au milieu dans lequel ils ont germé.

Pour comprendre la période de l’avant guerre, et de la dernière guerre mondiale il faut les liées à la victoire de la Révolution d’Octobre en 1917, à la résistance particulièrement acharnée des exploiteurs en Russie, aux Trois années de guerre civile à la contre-révolution qu’elle a engendrée et à cette guerre non déclarée de l’Entente contre la Russie soviétique.

Il faut comprendre les causes de l’intervention des pays de l’Entente. Ces causes ce sont les mêmes qui ont conduit à la deuxième guerre mondiale et qui expliquent toute la période de l’avant-guerre.- La haine des bolcheviques au pouvoir. En un mot l’anticommunisme.

Tout s’explique avant-tout par les intérêts de classe. Les intérêts de classe communs sont inséparables pour les milieux dirigeants de la défense de leurs propres positions de classe. Les causes de la défaite des forces contre-révolutionnaires sont à plusieurs points de vue les mêmes que celles de la défaite de l’Allemagne nazie dans la dernière guerre mondiale.

L’Armée rouge fut victorieuse parce qu’elle avait été engendrée par la Grande révolution socialiste d’Octobre. « La mise sur pied de notre armée n’a pu être menée à bien que parce qu’elle était conçue dans l’esprit général de l’édification soviétique, sur le rapport des classes qui s’affirment en matière de toute édification. » V. Lénine. Œuvres, t.30, pp.319-320.

La tentative de supprimer les conquêtes de la Révolution d’Octobre a entièrement échoué.

Le pays des Soviets a vaincu les forces conjuguées tournées contre lui. Ces forces n’ont pas réussi à vaincre le bolchevisme. Ce n’était pour eux qu’une première défaite et le désir d’une revanche est toujours resté vivant et a déterminé en quelque sorte toute la période suivante, celle de l’avant-guerre et aussi celle de la guerre elle-même.

L’anticommunisme est demeuré bien vivant et c’est lui seul qui peut nous permette de comprendre les causes de la dernière guerre mondiale.

Comment comprendre autrement , la politique de « la non-ingérence dans les affaires de l’Espagne , de la » Loi sur la neutralité» adoptée en 1935 par le congrès des États-Unis , qui interdisait toute aide militaire aux parties belligérantes , le refus de concrétiser les multiples propositions soviétiques sur la création d’un système de sécurité collective en Europe et en Extrême-Orient, la politique de « pacification d’avant Munich, les accords de Munich, autrement que par un effort parfaitement conscient des forces impérialistes , visant à orienter l’agression vers l’Est, contre l’Union Soviétique.

Ce n’est que sur la base de faits historiques concrets que le lecteur puisse mieux juger de la situation. Certains historiographes occidentaux ont estimé qu’à Munich, la Grande-Bretagne et la France sauvèrent le régime nazi de la faillite. On craignait la victoire du bolchevisme. Ernst Topitsch (ultra-conservateur autrichien) avance l’idée qu’à Munich, Chamberlain et Daladier portèrent un rude coup aux adversaires du régime nazi en Allemagne. Certains historiens occidentaux ne tiennent pas compte du fait que l’anticommunisme fut le motif majeur de l’agression contre l’URSS.

Ce sont sous ses mots d’ordre anticommunistes que la propagande nazie dissimulait son hostilité envers toute l’humanité. Les puissances occidentales ont exploité le militarisme allemand à des fins antisoviétiques.

Anthony Adamthwaite, historien britannique a souligné que « la haine vouée au bolchevisme constitua l’un des facteurs majeurs déterminant la politique française », j’ajoute qu’elle a déterminé la politique de tous les pays impérialistes.

Revenons aux années 20, les pays de l’Entente créèrent le « Cordon Sanitaire » que formaient plus de dix États, voisins occidentaux de l’URSS. . Ce « Cordon» était destiné à isoler l’Europe occidentale de l’influence soviétique. Même à l’époque de la seconde Guerre mondiale, les milieux réactionnaires de la Grande-Bretagne et des États-Unis n’avaient pas encore abandonné l’idée du «Cordon ». Le 19 novembre 1937, lors de son entretien avec Hitler à Obersalzberg, lord Halifax a déclaré que l’Allemagne avait entièrement le droit d’être considérée comme un bastion de l’Occident contre le bolchevisme.

«La lutte contre le bolchevisme mondial est le but principal de la politique allemande» [Goebbels]

Ce fut aussi cette lutte contre le bolchevisme qui a été la principale cause de tous les événements qui ont précédé la Seconde Guerre Mondiale et de la Seconde Guerre Mondiale elle-même.

Dr Adélard Paquin.

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